J’apprends la disparition du musicien Ariel Kalma, l’un des rares musiciens électroniques indépendants depuis les années 70.
À la fin des années 1960, Ariel Kalma, dont le nom de naissance est Ariel Kalmanowicz, étudie l’informatique à Paris. Joueur de saxophone depuis son adolescence, il s’éloigne peu à peu de sa passion pour le Rock & Roll après avoir découvert le Free-jazz et les musiques d’avant-garde. Cependant, comme beaucoup de ses pairs, il est un peu contraint de se produire avec des stars de la variété pour subsister… ce qui l’amènera à collaborer pendant un certain temps avec des artistes tels que Salvatore Adamo… mais aussi l’écurie Saravah, comme le musicien brésilien Baden Powell, ou bien David McNeil (le fils de Marc Chagall). En 1974, il prend part à la tournée mondiale de Jacques Higelin. Lors d’une halte en Inde, il est initié à la musique classique indienne et à une philosophie mystique qui le marquera profondément. C’est, dit-on, grâce à un charmeur de serpent qu’il apprend la technique de la respiration circulaire, lui permettant de produire des notes longues et continues avec ses instruments !
À son retour à Paris, Ariel Kalma travaille sur son premier album intitulé Le temps de moissons, évoquant la chaleur estivale, l’abondance et le repos. La première face de l’album est un mélange de ragas indiens et de minimalisme américain, utilisant des superpositions de pistes de saxophone avec divers effets. La seconde face explore la musique Gnaouas et se termine par un jam électronique. Cet album, sorti à 1000 exemplaires dans les années 1970, est présenté dans une pochette blanche unique, numérotée et illustrée à la main. Avec un tracé de sa main sur les pochettes. C’est artisanal, un peu comme ce que fait Tom Val actuellement. En 1978 il enregistre son oeuvre la plus audacieuse, Osmose, en collaboration avec Richard Tinti. Cet album utilise des enregistrements de sons naturels des forêts tropicales, créant des pièces profondes et captivantes qui mettent en valeur ces paysages sonores… cette oeuvre reste encore aujourd’hui remarquablement moderne !