J’apprends la disparition du compositeur autrichien Peter Ablinger.

La musique de Peter Ablinger part d’une question simple mais profonde : qu’est-ce que le son, vraiment ? Pour lui, le bruit n’a pas besoin de « dire quelque chose ». Il a de la valeur en lui-même. Chaque son devient alors une fin en soi, et non juste un outil pour créer une oeuvre. Ce qui compte, c’est de l’écouter pleinement… il remet aussi en question des éléments essentiels de la musique comme le timbre, le temps ou l’espace. Cette approche se retrouve notamment dans son travail sur la voix, en particulier la voix enregistrée, les extraits d’archives. Il explore la frontière entre parole et musique, en transformant des voix réelles (souvent issues de documents historiques) en matière sonore. Ces voix ne sont plus seulement porteuses d’un message, elles deviennent des objets d’écoute, détachés de leur contexte d’origine, presque sculptés par le son lui-même. Un peu comme l’écoute « réduite » chère à Pierre Schaeffer. En écoute ci dessous : Pier Paolo Pasolini, Angela Davis et d’autres… avec la partition de piano d’Ablinger.

Ci dessous la pièce Deus Cantando. Il s’agit d’un piano acoustique ordinaire. Le mécanisme qui l’exécute consiste en 88 mini doigts mécaniques contrôlés électroniquement, synchronisés avec une vitesse et une précision surhumaines pour reproduire le contenu spectral de la voix d’un enfant. En regardant la vidéo, on peut avoir l’impression que le discours est parfaitement intelligible, mais il s’agit en partie d’une illusion. L’accompagnement visuel des mots sur l’écran est un repère essentiel : si on l’enlève, il devient beaucoup plus difficile de comprendre les mots.